Le travail des sélectionneurs est de longue haleine. Karine Henry, sélectionneur chez Florimond Desprez et responsable scientifique du programme AKER, remet les différentes étapes du WP2 en perspective.
Petit retour en arrière dans le programme AKER : 2013, l’année de la sélection des 15 plantes de référence. Karine Henry pratique elle-même, car ce travail est à haut risque, les croisements de ces 15 plantes exotiques avec du matériel élite afin d’introgresser, c’est-à-dire introduire de façon naturelle, des gènes intéressants issus de la variabilité génétique récoltée à travers le monde entier pour obtenir des F1.
2014 : ces F1 ont été rétrocroisés avec le matériel élite pour augmenter la part de l’élite dans le fond génétique des descendants. Les BC1 correspondants comprennent alors 25 % du génome exotique et 75 % du génome élite.
2015 : l’opération de rétrocroisement s’est poursuivie en croisant les BC1, toujours avec du matériel élite. Cette fois, les BC2 obtenus renferment 12,5 % du génome exotique et 87,5 % du génome élite. A chaque génération, 450 croisements sont réalisés à partir de 100 000 génotypes de l’année précédente, soit environ 6 500 pour chacune des 15 plantes de référence.
2016 est l’année des autofécondations. Karine Henry explique : « On a coupé chaque plante en petits morceaux, on a pulvérisé ces petits morceaux dans l’élite, on fixe maintenant les morceaux par autofécondation car on veut être sûr que l’hybride aura bien le morceau de l’exotique ». On obtient alors 3 000 BC2 S1. Cette opération est plus simple que celle des années précédentes : elle consiste à poser un sachet sur la plante en fleur. Tous ces croisements et autofécondations sont réalisés par Guislaine, Cindy, Emilie, Martine, Sophie, Marie-Claire, Sandrine, Corentin… techniciens au Laboratoire Betteraves et Chicorée chez Florimond Desprez.
« En septembre 2016, poursuit Karine, 100 000 plantes vont être semées en serre pour en sélectionner 3 000 pour la suite du programme en 2017 ». Un prélèvement pour le marquage de l’ADN sera réalisé sur la totalité. Puis, 2017 sera l’année des hybridations au champ en cage. Un travail plus délicat car dépendant des conditions naturelles et de la floraison, et qui mobilisera encore de nombreux opérateurs. « Avec un effectif de 3 000 génotypes, on obtient des plantes avec un taux de retour à l’élite intéressant, et qui commence à ressembler à de la betterave cultivée », conclut Karine Henry.