L'année 2013 a été consacrée à la sélection des 15 accessions exotiques recouvrant la totalité de la variabilité génétique. Les rétrocroisements (ou backcross), visant à introduire la diversité génétique exotique en petite quantité dans du matériel élite, ont démarré en 2014 et se poursuivent en 2015.
Le rétrocroisement, concrètement
La plante élite et la plante exotique sont croisées entre elles afin de produire des hybrides composés à 50 % par le génome de la plante élite et à 50 % par celui de la plante exotique. Les hybrides ainsi produits sont ensuite croisés pendant plusieurs générations par la lignée élite, dite receveuse ou récurrente. Ces étapes permettent d'augmenter la part du génome élite dans le fond génétique des descendants. Le résultat final du rétrocroisement est l'obtention d'une lignée convertie, c'est-à-dire proche génétiquement de la lignée récurrente, mais contenant en plus une petite partie du génome exotique donneur.
Les rétrocroisements dans AKER
Les rétrocroisements dans le programme AKER visent à introgresser, c'est-à-dire introduire de façon naturelle, le génome des 15 accessions sélectionnées pour leur variabilité dans du matériel élite.
Bruno Desprez, président de Florimond Desprez Veuve & Fils et président du comité de coordination du programme, souligne une spécificité d'AKER : « Ce qui est particulier dans ce programme, c'est que nous fragmentons l'ensemble du génome exotique dans une variété élite. Pas seulement une partie. Ainsi nous ne perdrons pas une miette de la variabilité exotique récupérée lors de la première étape de sélection des 15 accessions ». Chaque accession sera représentée par une descendance de 200 individus. Le choix de ces 200 descendants se fera en fonction de leur complémentarité afin de représenter la totalité du génome exotique initial.
Marquage moléculaire
Afin de conserver toute cette variabilité, les différentes étapes de rétrocroisements sont suivies par marquage moléculaire. En effet, en utilisant des marqueurs moléculaires polymorphes entre le parent donneur et le parent récurrent, il est possible de connaître la provenance génétique des régions génomiques correspondantes.
Karine Henry, sélectionneuse de betteraves sucrières chez Florimond Desprez et responsable du WP2 du programme AKER, évoque l'avancée du programme de croisements : « Les étapes de rétrocroisement ont débuté en début d'année 2014. A l'issu du premier rétrocroisement, nous avons obtenu des plantes composées, en moyenne, à 75 % du génome élite et à 25 % du génome exotique. Lors du second rétrocroisement en 2015, les plantes sont composées en moyenne à 87.5 % du génome élite ». La descendance ainsi obtenue permettra d'analyser plus finement la variabilité existante et la création de nouvelles variétés innovantes.