Glyphosate, Roundup, Néonicotinoïdes… il n’y a pas un jour sans que l’agriculture soit interpellée. « On n’a pas touché le fond », déclarent conjointement Bruno Desprez, président de Florimond Desprez Veuve & Fils, Frank Garnier, président de Bayer France et vice-président de l’UIPP, et Daniel Tragus, dirigeant du groupe EXEL Industries, lors d’un table ronde organisée par l’AFJA* et le SYRPA**. Alors, faisons connaître les innovations qui aident les agriculteurs à relever les nouveaux défis, sans compromission mais sans retenue.

D’emblée, Frank Garnier décrit le contexte : « Des besoins alimentaires en augmentation, une dimension environnementale et sociétale forte, des contraintes réglementaires phénoménales ». Alors qu’il constate un paradoxe - la pression parasitaire s’accroît tandis que la pharmacopée décroît de 50 % en 10 ans – ce dernier déclare : « Je suis convaincu que l’on peut optimiser les traitements phytosanitaires ». Selon lui, on peut parler d’intervention chirurgicale : le bon produit au bon moment. A ce sujet, le groupe EXEL Industries va proposer d’ici un an sur ses pulvérisateurs Agrifac une caméra qui va détecter la végétation et commander l’ouverture des buses en conséquence. « Nous avons intérêt à travailler davantage la main dans la main avec les phytos », déclare Daniel Tragus. Dans ce domaine comme dans d’autres, on voit apparaître le concept d’économie de la fonctionnalité : rétribuer un usage et non plus un produit, c’est-à-dire payer un service à l’hectare.

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One health

Tout comme ses collègues, Bruno Desprez est conscient de la transversalité des besoins de recherche en agriculture : la chimie et la génétique bien sûr, mais aussi la physique, le machinisme, la robotique, les mathématiques, le big data… « Avec les végétaux, on a la chance de faire de la médecine spécialisée », insiste Bruno Desprez, qui évoque le concept de « One health » (une médecine intégrée pour les végétaux, les animaux et les humains). Il poursuit : « La génétique va permettre de sélectionner des plantes qui vont mieux tolérer les herbicides, celles qui subissent le moins d’effets secondaires, par une moindre dose ou une application plus précoce ». Ensuite, l’enrobage chimique permet de libérer l’herbicide selon la reconnaissance des mauvaises herbes. S’agissant des fongicides et des insecticides, on parlera de polythérapie. De ce point de vue, le coût génétique est plus faible que pour les tolérances ou résistances aux maladies. « Ce qui nous intéresse, c’est de croiser des modèles », poursuit-il : température, hygrométrie, stresses, etc. Enfin, il y a les outils génétiques modernes (new breeding technologies…). « A ce sujet, nous appliquerons ce que nous permet la loi », affirme Bruno Desprez.

More science based

Mais il va encore plus loin. « L’étude de la métagénomique (qui consiste à séquencer les génomes de plusieurs individus d'espèces différentes dans un milieu donné) se développe. Par ailleurs, on travaille sur le génome des plantes, mais aussi sur celui des parasites, de manière à connaître les gènes de résistance des plantes à ces parasites et ainsi brouiller les pistes. Par exemple, inoculer une maladie à une mauvaise herbe, ou mieux inoculer des agents pathogènes désactivés qui rentreront en compétition avec les vrais agents ». Tout cela, comme le résume Frank Garnier, doit inciter l’opinion publique à adopter une approche « More science based », et les acteurs à poursuivre les efforts de communication nécessaires pour y parvenir.

* AFJA : Association Française des Journalistes Agricoles http://afjablog.blogspot.fr/
** SYRPA : Le réseau des Agri-communicants www.syrpa.com