« Tout commence avec la semence »
Chercheur à l’INRA d’Angers, Carolyne Dürr conjugue les semences et la betterave, avec l’agronomie en toile de fond. En concertation avec Sylvie Ducourneau, du GEVES, elle coordonne les travaux sur les semences dans le cadre du WP4 du programme AKER.
Carolyne Dürr a démarré sa carrière à l’INRA en 1987 en Picardie dans une unité de recherche travaillant sur la maîtrise de l’état physique des sols cultivés et de la fertilisation azotée, dans les systèmes de grandes cultures où la betterave est très présente. « A partir de cette époque, de moins en moins de chercheurs ont travaillé spécifiquement sur la betterave à l ’INRA (1) », avoue-t-elle. Mais Carolyne Dürr est en quelque sorte le garant d’une veille scientifique à l’INRA sur cette espèce, et elle a contribué au montage du réseau travaillant dans le programme AKER.
Agronomie, génétique et biologie
En 2006, elle arrive à Angers pour travailler sur les semences et les plantules, en faisant le lien entre agronomie, génétique et biologie moléculaire. Très vite, elle contribue à mettre en place avec David Rousseau, enseignant-chercheur à l’Université d’Angers à l’époque, aujourd’hui à l’Université de Lyon, la plate-forme « Phenotic ». A la croisée des chemins entre les sciences « dures » (physique, mathématiques, robotique…) développées au LARIS (2) de l’Université d’Angers et les sciences du vivant déployées par l’INRA, le GEVES (3) et la SNES (4), cette plate-forme a pour mission de mettre au point des outils et des méthodes d’imagerie à destination de la recherche végétale. « C’est un vrai plaisir de travailler avec les physiciens qui adoptent nos objets d’étude biologique », poursuit Carolyne Dürr.
Soulignant l’importance de l’agronomie pour la betterave, en tant que membre du conseil scientifique de l’ITB (5), elle insiste sur la nécessaire compréhension de l’élaboration du rendement et de sa modélisation pour organiser un phénotypage pertinent. « Le rendement est fonction de la vitesse de couverture de la betterave sur le sol, de l’eau et de l’azote disponibles. D’où l’importance d’étudier l’implantation en conditions froides liées aux semis de plus en plus précoces, le développement des feuilles face aux maladies, la résistance au stress hydrique, l’assimilation de l’azote ». De plus, une couverture plus rapide limitera le développement des mauvaises herbes, d’où moins de traitements herbicides.
Angers, capitale de la semence
Pour le programme AKER, le pôle d’Angers est en quelque sorte la capitale de la semence, et Carolyne Dürr en est l’un des piliers. « Il s’agit d’établir s’il existe de la variabilité génétique au stade germination de la graine et lors du début de croissance des plantules ». Le phénotypage consistera donc à étudier les variations génotypiques au cours de ces phases précoces tout particulièrement en conditions froides. On examinera aussi la possibilité de prédire des caractères intéressants au stade adulte à partir de mesures réalisées au stade jeune de la plante, par exemple le taux de sucre ou encore la vitesse d’allongement racinaire. Cela faciliterait un screening rapide et précoce des génotypes.
Depuis le début du programme AKER, Carolyne Dürr partage son temps entre les semences des grandes cultures dont la betterave… et les relations internationales de l’INRA.
(1) INRA : Institut National de la Recherche Agronomique
(2) LARIS : Laboratoire Angevin de Recherche en Ingénierie des Systèmes
(3) GEVES : Groupe d’Etude et de contrôle des Variétés et des Semences
(4) SNES : Station Nationale d’Essais de Semences
(5) ITB : Institut Technique de la Betterave