« Les gènes dans le paysage »

Marco Andrello, chercheur au Centre d’Ecologie Fonctionnelle et Evolutive de Montpellier, passe l’essentiel de son temps sur la betterave en collaborant au programme AKER dans une toute nouvelle discipline : la génétique du paysage.

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D’origine italienne, Marco Andrello est venu faire sa thèse de biologie en 2007 à Grenoble, et il est resté en France. Depuis, il travaille sur l’analyse génétique des données du programme AKER avec Stéphanie Manel, directeur d’études à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes (EPHE) au Centre d’Ecologie Fonctionnelle et Evolutive de Montpellier, en lien avec le CNRS et Florimond Desprez.

Son sujet ? La génétique du paysage ou landscape genetics. De quoi s’agit-il ? Jetons un coup d’œil sur Wikipédia : La génétique du paysage est une discipline récente visant à « décrire l'influence des structures écopaysagères (paysagères et environnementales) sur la structuration spatiale de la variabilité génétique ». Marco le dit mieux avec ses mots : « On met les gènes dans le paysage, c’est-à-dire qu’on étudie la distribution des allèles dans l’espace géographique, pour essayer de détecter les mécanismes à l’origine de cette distribution comme les flux de gènes ou la sélection naturelle ».

Une discipline récente

La génétique du paysage est une science toute récente. Les premiers travaux ont démarré il y a 15 ans à peine, et les premières publications scientifiques sur ce sujet de Stéphanie Manel datent de 2003. Cette discipline se situe à la croisée des chemins entre la géographie, la géostatistique, l'écologie et la génétique. En s'appuyant à la fois sur les systèmes d'information géographique et les nouveaux outils de la biologie moléculaire (analyse génétique), la génétique du paysage propose de nouveaux moyens et modèles pour identifier et, le cas échéant, traiter des « discontinuités génétiques » anormales au sein d'une population, mais aussi détecter des variants génétiques atypiques.

Dans le cadre du programme AKER, en parallèle avec les travaux réalisés par Karine Henry sur le choix des 15 plantes de référence, Marco Andrello a repris les 3 000 accessions d’origine et passé en revue deux jeux de marqueurs : 4 400 DArT et 18 000 SNP. « Nous avons trouvé des corrélations entre certains marqueurs génétique et la température, ce qui permet par exemple de supposer que ces marqueurs soient impliqués dans des mécanismes de résistance à la sécheresse dans un contexte climatique de température élevée », poursuit Marco. Sur 18 000 marqueurs SNP étudiés, ceux qui montreront les plus fortes corrélations avec les variables environnementales seront identifiés comme étant intéressants, ce qui permettra de recombiner si besoin les accessions concernées. Avec les chercheurs de Florimond Desprez, Marco Andrello a pu déjà décrire la structuration génétique des accessions en termes taxinomiques et géographiques.

Marco poursuit ses explications : « La génétique paysagère est beaucoup pratiquée en France, mais aussi aux USA et au Canada. Elle concerne les plantes à travers l’agronomie, la biologie de conservation, l’écologie, mais également le génome humain ». Pour lui qui travaille principalement sur la betterave pour la deuxième année consécutive, « le programme AKER véhicule une image positive, en alliant des compétences et des moyens, à travers un partenariat public-privé constructif ».