« Les efforts de la recherche doivent être récompensés »
Etudiants en agronomie, Marion Marchal et Pierre Longerstay estiment que le programme AKER mérite le succès au regard du travail effectué et de l’implication des collaborateurs concernés. Portrait de deux stagiaires chez Florimond Desprez.
Elle, Marion, d’origine agricole, est étudiante à l’ENSAIA de Nancy ; lui, Pierre, a fait un master d’agronomie à Gembloux (Belgique) avant de poursuivre en 3ème année à AgroParisTech. Tous deux font un mémoire de fin d’études au Laboratoire Betteraves et Chicorée chez Florimond Desprez, sous la houlette de Karine Henry, responsable scientifique du programme AKER.
Leur sujet respectif contribue à l’approfondissement du programme. Pierre explique : « Je fais une recherche de QTL pour le rendement et la richesse sur une population de BC2 S1 (back-cross de 2ème génération avec autofécondation). Dans un deuxième temps, je cherche de nouvelles composantes du rendement à partir de la taille des cellules de l’hypocotyle ». Marion poursuit : « Je réalise une cartographie génétique à haute densité de marqueurs sur une population de BC1 (back-cross de première génération) pour une précision accrue. Et je fais également une détection de QTL impliqués dans la floraison et la fertilité de la betterave ».
Présents tous les deux durant 6 mois chez Florimond Desprez, ils ont pris conscience que le programme AKER était très intéressant, mais qu’il demandait énormément de travail. « J’espère que les résultats seront au rendez-vous », dit Marion. « Il y a beaucoup de pression et une très forte attente de la part des collaborateurs », ajoute Pierre. « Le programme AKER représente une énorme quantité de données à générer, mais on devrait commencer à récolter les fruits du travail réalisé ». L’un comme l’autre mesure l’importance de la betterave au plan économique, et donc de la réussite du programme AKER.
Sans concession, mais avec clairvoyance
S’ils ne savent pas encore ce qu’ils feront à la sortie de l’école, si ce n’est qu’ils poursuivront dans la sélection végétale, ils ont une idée précise sur le secteur agricole dans lequel ils vont œuvrer, sans concession, mais avec clairvoyance. « L’agriculture est en pleine mutation », déclare Marion, « avec des évolutions ultra-techniques, dans un contexte mondial où elle a de moins en moins d’emprise ». Pierre ajoute : « Il y a énormément d’attentes de la société vis-à-vis des agriculteurs, alors qu’ils font déjà beaucoup et probablement plus que les autres acteurs. Mais l’opinion a une image fausse de l’agriculture, entre tradition et innovations ». Et de citer le fait que la sélection est fréquemment assimilée aux OGM ! Les entreprises semencières sont, de leur point de vue, plutôt frileuses car elles ont moins de visibilité. « Elles doivent répondre aux attentes des agriculteurs, tout en étant conditionnées par les pressions sociétales », poursuivent les deux stagiaires.
Quand on leur demande si le slogan « produire plus et mieux » leur paraît raisonnable, ils déclarent que ce serait l’idéal. « Produire autant et mieux, c’est le cas actuellement en Europe et c’est déjà bien. Mais la pression ambiante fait qu’il faudrait produire plus avec moins ». Equation difficile à laquelle devront s’atteler nos deux étudiants dans leur vie professionnelle future.